
TUI se trouve à une phase cruciale de renouveau. Le géant du voyage travaille à une transformation en Global Curated Leisure Marketplace, où une offre de loisirs complète — du billet de concert aux vacances tout compris — occupe une place centrale. « Le changement fait partie intégrante d’une entreprise tournée vers l’avenir », déclare Arjan Kers, Managing Director de TUI Belgique et Pays-Bas, dans une interview accordée à TravMagazine. « Nous faisons cela pour rester en tête. »
Interrogé sur le pourquoi et le comment de l’orientation vers une organisation pérenne, initiée sous la direction du CEO Sebastian Ebel, Kers va droit au but : « Dans un monde qui évolue plus vite que jamais, l’immobilisme n’est pas une option. Notre marché est marqué par des tensions géopolitiques, une incertitude économique, des critères de durabilité plus stricts et un comportement des consommateurs en pleine mutation. Le secteur du voyage connaît une transformation profonde. Les consommateurs ont d’autres attentes, la durabilité est essentielle et l’innovation technologique dicte le rythme. C’est pourquoi nous travaillons à un TUI agile, numérique et centré sur le client, sans perdre nos valeurs fondamentales. »
Le fait de devoir se séparer de collaborateurs dont le poste change lui pèse, confie Kers. « Bien sûr. Je suis très conscient de l’impact. Je travaille chez TUI depuis 28 ans, je connais très bien beaucoup de personnes dans l’organisation. Cela me touche personnellement de devoir dire au revoir à des collègues que je connais depuis si longtemps. Mais cela fait aussi partie de mon travail, que cela me plaise ou non. Nous construisons un TUI tourné vers l’avenir. On ne peut pas se permettre de maintenir des structures dépassées ou inefficaces. »
L’impact sur les effectifs est-il quantifiable ?
« Non. Nous sommes encore en pleine phase de conception. Ce n’est pas une équation où l’on peut dire à l’avance : autant de postes vont changer ou disparaître. Nous voulons réduire les coûts — les coûts de personnel en font évidemment partie — mais il s’agit d’une optimisation plus large. Nous construisons une organisation qui mise sur la mutualisation globale là où c’est possible, tout en conservant une agilité locale, au plus près des concurrents et des clients. Nous utilisons de nouvelles technologies comme l’IA et la robotisation, non pas pour remplacer les gens, mais pour leur permettre de se concentrer sur l’essentiel : le client. »
Que signifie cette transformation pour TUI en tant qu’organisation ?
« Il s’agit du TUI de demain. Le client évolue, la technologie s’accélère, et le paysage concurrentiel est plus vaste que jamais. Dans ce contexte, deux options s’offrent à vous : attendre que le changement vous soit imposé par le marché, ou prendre vous-même l’initiative. Nous choisissons la seconde option. Comme nous l’avons fait à l’époque avec le changement de nom vers TUI, que nous avions initié depuis une position de force. C’est ce que nous faisons à nouveau aujourd’hui. Ce qui ne change pas, c’est notre conviction que le voyage enrichit les personnes. Nous contribuons à la croissance économique, à l’emploi et à la compréhension entre les cultures. Et nous voulons continuer à jouer un rôle de premier plan à cet égard à l’avenir. »
À quoi ressemble concrètement cette « marketplace » ?
« La Global Curated Leisure Marketplace est une plateforme mondiale sur laquelle TUI propose aux clients des activités de loisirs, des excursions et des expériences soigneusement sélectionnées, en dehors des forfaits traditionnels et des vols. Cette plateforme est conçue pour être utilisée à l’échelle internationale et s’adresse à des clients du monde entier. Nous ne voulons plus seulement accompagner nos clients une ou deux fois par an pour leurs vacances, mais les accompagner tout au long de l’année, à travers des services de loisirs grands ou petits. TUI sélectionne et gère elle-même les activités et partenaires présents sur la plateforme, garantissant ainsi qualité et fiabilité. Bien entendu, les produits classiques de TUI continueront d’y occuper une place de choix, mais la Marketplace sera une plateforme ouverte où plusieurs prestataires pourront proposer leurs services et activités, tout en étant intégrés dans l’écosystème TUI. »
Quelle est l’idée profonde qui se cache derrière cela ?
« C’est important pour TUI, car cela nous rend moins dépendants de tiers comme GetYourGuide, Viator ou Booking.com. Cela permet à TUI de proposer aux clients des produits supplémentaires avant, pendant et après le voyage, augmentant ainsi la valeur ajoutée pour le client. Les clients restent dans notre propre plateforme, ce qui renforce leur fidélité. »
Il poursuit : « En mettant l’accent sur les expériences locales et en proposant des options de voyage personnalisées via la Global Curated Leisure Marketplace, nous pouvons mieux répondre aux besoins des voyageurs. Par ailleurs, l’approche hybride combinant agences physiques et canaux en ligne nous permet de servir au mieux les clients traditionnels comme les clients digitaux. Cette stratégie nous permet d’accroître notre part de marché et de maintenir une croissance durable et rentable. Nous accélérons également le développement de l’IA et de la robotisation (RPA), ce qui apportera des bénéfices à notre entreprise, aux consommateurs et à nos partenaires. »
Quel rôle joue l’app de TUI ?
« Un rôle très important. L’application a déjà été téléchargée plus de 22 millions de fois, car les voyageurs en ont besoin notamment pour leurs documents de voyage. Mais nous voulons aller plus loin : que le client utilise cette app pour louer une voiture à la dernière minute, réserver des billets, organiser des excursions. En bref : exploiter tout l’écosystème, sans que le client ait à en sortir. Et c’est aussi tout simplement très pratique pour le client lui-même. »
La transformation est-elle au même stade dans tous les pays où TUI est actif ?
« La transformation est actuellement en cours au sein du segment Markets + Airline du groupe, dont je fais partie de la direction en tant que Managing Director pour la Belgique et les Pays-Bas. Nous avons quatre MD pour les différentes régions, ainsi que deux grandes fonctions centrales : Commercial (anciennement Product & Purchasing) et Marketing, Sales & Customer. Bien sûr, nous tenons compte des spécificités locales. Par exemple, nous n’avons plus d’agences de voyage en Scandinavie, alors qu’elles restent bien présentes en Belgique et aux Pays-Bas. Ces nuances locales, nous continuerons à les respecter. »
Vous mentionniez plus tôt l’importance d’apprendre en continu et de continuer à se développer. Comment faites-vous cela vous-même ?
« En restant en dialogue avec des entrepreneurs, en observant leur manière de faire. Récemment, j’ai réservé mes propres vacances via un tour-opérateur spécialisé. Ce fut une expérience fantastique. J’en tire des enseignements : l’attention personnelle, le sur-mesure — même en tant que grand acteur, on peut démontrer cela dans les petits détails. »
Qu’espérez-vous que cette transformation de TUI apportera au final ?
« Que nous sortions de cette phase encore plus forts en tant que TUI Group et que nous soyons prêts pour l’avenir. Pas seulement comme leader du marché des voyages à forfait, mais comme la plateforme de référence pour tout ce qui touche aux loisirs. Cela bénéficiera à nos clients, à nos partenaires, ainsi qu’à l’ensemble du secteur. Car quand TUI va bien, c’est tout le secteur qui en profite. »
Photo: Arjan Kers (TUI) – © Nils van Houts
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