
Le gouvernement belge veut faire “quelque chose” pour mettre fin aux vols court-courriers, et il veut faire “quelque chose” pour faire rentrer de l’argent dans les caisses de l’État. Quelqu’un a pensé pouvoir combiner les deux et a inventé le terme “taxe d’embarquement”. Une discussion est née.
Il ne s’agit pas d’une taxe sur les compagnies aériennes, elle est destinée à encourager les gens à voyager de manière plus écologique et elle devrait rapporter environ 30 millions d’euros aux caisses de l’État. Ce sont les trois arguments qui entourent la mesure du gouvernement annoncée mardi dernier. Trois fois faux.
Si le gouvernement rend un service plus cher et que les recettes vont au trésor public, il s’agit d’une taxe ou d’un “droit”. Une taxe supplémentaire comprise entre 2 et 7 euros par billet n’entraînera pas de changement de comportement. Comment une mesure prévoyant de telles redevances sur environ 10 à 15 vols par semaine peut-elle rapporter 30 millions d’euros est un mystère. Conclusion : soit le gouvernement a fait des objectifs et des calculs totalement erronés ici, soit il s’agit d’une première étape vers d’autres plans.
Une semaine après l’annonce de la mesure, tout semble indiquer qu’il s’agit d’un premier pas vers d’autres projets. Seulement : les gens ne sont pas d’accord sur cette première étape, et ils n’ont pas encore d’idée de ce que seraient ces “autres plans”. Pour le reste, tout est clair…
Il apparaît aujourd’hui que le périmètre auquel la taxe d’embarquement serait appliquée, ne serait pas de 500 km mais de 750 km. En d’autres termes, ils se dirigent vers la première ligne des destinations soleil de l’été. Un petit coup de pouce supplémentaire et plusieurs destinations en Espagne et en Italie seraient assimilées à des vols vers Paris, Amsterdam et Francfort. Si le gouvernement est autorisé à lancer des ballons, nous le pouvons aussi.
Le grand danger est que ces petites idées fassent leur chemin et que la “taxe d’embarquement”, sous couvert d’une mesure écologique, soit étirée pour rapporter, disons, 70 à 100 millions dans les caisses de l’État.
La preuve de cette “vie propre” est la flambée des discussions annexes sur les compagnies aériennes qui seraient ou non affectées (low cost !), et les aéroports (Charleroi !) qui y échapperaient.
Soyons honnêtes : si de telles mesures ont un but écologique, elles doivent être combinées à une solide augmentation et amélioration de l’offre de trains dans le périmètre des 750 km. Si ces mesures ont un objectif fiscal, il faut avoir le courage de le dire et d’en discuter. Aujourd’hui, le gouvernement n’a réussi qu’à créer une discussion confuse à partir d’un point de départ confus, avec sans doute une solution confuse dans laquelle le chat ne retrouvera pas ses petits. A cause de la confusion.
Soyons donc très prudents en tant que secteur, et surveillons de près ce train. Au bout du voyage, il s’avérera que ce train en cache un autre, que nous ne voyons pas encore venir. Un train peut câcher un autre, peut-on lire sur toutes les gares rurales de France, en guise d’avertissement.