
Ras Al Khaimah est peut-être encore méconnu de certains professionnels du voyage au Benelux, mais cet Émirat évolue à grande vitesse pour devenir une véritable destination touristique. Avec un nombre record de visiteurs, un attrait croissant pour le marché MICE et une identité claire d’« émirat de la nature », Iyad Rasbey, Vice President Destination Tourism Development auprès de la Ras Al Khaimah Tourism Development Authority (RAKTDA), nous éclaire sur la stratégie qui sous-tend cette ascension.
En 2024, vous avez accueilli un nombre record de 1,28 million de visiteurs. Comment comptez-vous atteindre les 3,5 millions d’ici 2030 ?
« Nous augmentons notre part de marché dans toutes les régions et ne dépendons pas d’un seul marché. La connectivité est essentielle : nous voulons davantage de vols directs vers l’aéroport international de Ras Al Khaimah. Aujourd’hui, nous dépendons fortement de l’aéroport de Dubaï, situé à seulement 45 minutes. Parallèlement, nous doublons notre capacité hôtelière, passant de 8.200 à 15.000 chambres au cours des quatre prochaines années, avec des marques comme Four Seasons et Wynn qui arrivent. Notre masterplan veille à ce que cette croissance se fasse par étapes, de manière stratégique. »
Comment assurez-vous que cette croissance reste durable, notamment avec autant de nouveaux projets hôteliers ?
« Nous collaborons étroitement avec EarthCheck pour suivre et encadrer nos efforts de durabilité. Plus de 25 parties prenantes – hôtels, DMC, attractions – y participent. Nous avons également lancé le programme Responsible RAK, qui inclut notamment l’accessibilité. Avec l’aide de Sage Inclusion, nous veillons à ce que les nouveaux projets répondent aux besoins des voyageurs en situation de handicap. Notre approche pour les ouvertures hôtelières est réfléchie – nous ouvrons généralement un ou deux hôtels par an – afin d’éviter la surcapacité ou le surdéveloppement. »
RAK est connu comme « l’émirat de la nature ». Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
« Nous nous positionnons consciemment comme une alternative paisible à l’agitation de Dubaï ou d’Abu Dhabi. Nous avons des montagnes, un désert, 68 kilomètres de littoral et beaucoup moins de circulation. C’est idéal pour les familles, les couples et les aventuriers. Nous allons d’ailleurs bientôt ouvrir des lodges en montagne – notre focus sur la nature va donc bien au-delà du simple marketing. »
Votre positionnement vise clairement différents segments – de l’aventure au patrimoine en passant par le luxe. Quelles sont les expériences phares dans ces domaines ?
« L’aventure est un atout majeur. Jebel Jais est devenu une destination à part entière – avec ses sentiers de randonnée, ses événements cyclistes internationaux, la plus longue tyrolienne du monde, et même un restaurant de montagne à 1.484 mètres d’altitude. Des événements comme le défi de randonnée HIGHLANDER ou le Jais Ride renforcent notre réputation de destination active. Mais nous combinons également patrimoine et luxe. La ferme perlière Suwaidi Pearl Farm offre un aperçu de la culture traditionnelle de la plongée perlière, tandis que le Sonara Desert Camp propose une expérience gastronomique sous les étoiles. Ce sont des expériences authentiques et immersives qui séduisent les voyageurs en quête de plus que de simples vacances à la plage. »
Parlons du marché Benelux. Quel potentiel y voyez-vous ?
« Le Benelux est petit mais précieux. En 2024, les arrivées ont augmenté de 28 % par rapport à l’année précédente ; pour 2025, nous enregistrons déjà une hausse d’environ 15 %. Les voyageurs belges dépensent beaucoup et sont curieux. Avec le congrès Selectair qui se tiendra ici en octobre, nous voyons une vraie opportunité. Une expérience concrète aidera les agents de voyages à nous recommander en toute confiance. »
Le tourisme joue-t-il un rôle important dans l’économie locale ?
« Absolument. Le tourisme représente actuellement environ 5 % du PIB de Ras Al Khaimah, mais notre objectif est d’atteindre environ un tiers d’ici 2030. Contrairement à d’autres Émirats, nous ne possédons pas de réserves pétrolières. Nous avons historiquement basé notre économie sur l’industrie – céramique, pharmacie – mais le tourisme est notre avenir. »
Pour conclure, comment aimeriez-vous qu’on se souvienne de vous après ce chapitre de votre carrière ?
« J’espère que toute notre équipe sera reconnue pour avoir placé Ras Al Khaimah sur la carte touristique mondiale – pas seulement régionale. Ce n’est pas évident de rivaliser avec des géants comme Dubaï, Abou Dhabi ou l’Arabie saoudite, surtout quand on a commencé il y a seulement 14 ans. Mais nous sommes fiers de ce que nous avons accompli, et de la manière dont nous l’avons fait : avec qualité, vision et intégrité. »
Photo : Iyad Rasbey
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