
La Commission européenne souhaite augmenter la redevance ETIAS pour les voyageurs exemptés de visa de 7 à 20 euros. Ce triplement devrait rapporter environ 300 millions d’euros supplémentaires par an à l’UE. La proposition, actuellement soumise à l’approbation du Parlement européen et du Conseil, suscite toutefois de vives critiques dans le secteur touristique européen.
L’autorisation de voyage, officiellement nommée Système européen d’information et d’autorisation de voyage (ETIAS), doit entrer en vigueur fin 2026. Elle sera obligatoire pour les voyageurs en provenance de pays comme les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, l’Australie ou le Brésil, qui séjournent en Europe sans visa pour une durée maximale de 90 jours.
Le triplement proposé de cette taxe administrative s’inscrit dans le cadre plus large de la réforme budgétaire de l’UE pour la période 2028-2034. Le produit de cette taxe serait inscrit sous les « ressources propres » de l’Union, un mécanisme censé rendre son financement moins dépendant des contributions des États membres.
Selon la Commission, cette hausse est rendue nécessaire par la pression inflationniste et les coûts d’exploitation en augmentation, notamment pour les mises à niveau techniques telles que le chiffrement, l’automatisation et l’alignement avec le système connexe Entry/Exit System (EES). Elle souligne également que d’autres pays appliquent des tarifs similaires : l’ESTA américaine coûte 21 dollars, tandis que l’ETA britannique est à 16 livres – soit environ 18 euros dans les deux cas.
Le secteur du tourisme réclame de la transparence
Les professionnels du voyage accueillent toutefois très mal cette mesure. Dans une déclaration conjointe, des fédérations telles que l’ECTAA, Airlines for Europe (A4E) et l’European Tourism Association (ETOA) qualifient la mesure de « disproportionnée », « mal étayée » et « contre-productive ».
Ces organisations craignent que cette hausse des coûts décourage les familles et nuise à la compétitivité de l’Europe en tant que destination, en particulier dans un contexte de taxes touristiques croissantes dans des villes comme Barcelone, Venise ou Lisbonne.
Le secteur déplore également un manque de transparence. La Commission n’aurait publié aucune évaluation d’impact accessible au public pour justifier ce nouveau tarif. Il reste également flou, selon elles, si d’autres modèles tarifaires – comme 10 ou 12 euros – ont été sérieusement envisagés.
« Les décisions tarifaires ne doivent pas être calquées aveuglément sur des systèmes étrangers », déclare Patrick Diemer, président de BT4Europe. « Elles doivent être fondées sur les véritables besoins opérationnels du système européen lui-même. » Selon lui, cette proposition crée un coût supplémentaire et une charge administrative sans valeur ajoutée tangible pour le voyageur.
Les fédérations demandent au Parlement européen et au Conseil de rejeter la proposition, et que « les excédents éventuels des revenus ETIAS soient affectés à des investissements dans les infrastructures touristiques, la formation du personnel et le développement durable au sein du secteur ».
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.