
La chaîne du secteur du voyage s’est une fois de plus redressée, plus rapidement qu’on aurait pu l’imaginer, après le choc brutal provoqué par la quatrième fermeture forcée des aéroports en une année qui n’a même pas encore dépassé deux trimestres. Cette fois-ci, le coup a été particulièrement dur, en raison du moment tardif : les réactions recueillies par TravMagazine en disent long.
L’envie de faire grève ne faiblit pas, bien au contraire : la combinaison de syndicalistes opportunistes, de têtes brûlées et parfois de travailleurs justement en colère fait que d’autres actions se profilent déjà à l’horizon. Le résultat : un nouveau phénomène parmi les professionnels du secteur du voyage : la “peur des grèves”.
En principe, demain mardi 20 mai ainsi que jeudi 22 mai seront à nouveau des journées de grève. Pour les chemins de fer, cette grève commencera comme d’habitude dès ce soir : à partir de 22h, il faudra jouer à la loterie pour savoir si votre train circulera ou non.
Par ailleurs, on a l’impression que les déclarations et communiqués de presse des précédentes actions sont répétés par toutes les parties avec une certaine lassitude croissante. La “volonté est grande”, il y a toujours “un large soutien” au sein de la population – ce que nous osons mettre en doute – et bien sûr, “il n’est dans l’intention de personne de pénaliser le citoyen ou le voyageur”.
Pendant ce temps, les membres du gouvernement écoutent poliment les délégations, répriment à peine leurs bâillements à l’écoute répétée des cahiers de revendications d’un côté et des mises en garde sur la nécessité des mesures de l’autre. Les différents chefs de gouvernement ont d’ailleurs déjà confirmé jusqu’à l’épuisement qu’il s’agit “du moment ou jamais” pour ces mesures.
22,5 millions et ça continue – c’est le montant que, selon les calculs du BTC, VVR et UPAV, les grèves ont déjà coûté cette année au secteur du voyage.
Mais un coût insidieux s’est ajouté. En raison de la “peur des grèves” – nous inventons ce mot sous vos yeux, mais vous saisissez la référence à la “peur de l’avion” – plusieurs acteurs nous rapportent que des clients potentiels se sont récemment informés, au cours des deux derniers mois, sur d’éventuelles actions avant d’effectuer une réservation. La plupart du temps, ils ont réservé avec succès avant ou après les dates de grève annoncées.
Pourtant, les compagnies aériennes et les hôtels verront apparaître un petit ou grand “trou” dans les départs prévus aux dates concernées. Il ne faut pas sous-estimer cette dynamique : notamment dans l’aérien, un choc dans le remplissage d’un vol se fait également sentir sur les résultats des vols précédents et suivants. Chaque siège à l’aller implique en principe un siège au retour – donc la majorité des vols peu ou pas remplis les 20 et/ou 22 mai auront également une composante vide par la suite. C’est pourquoi nous parlons de coût insidieux.
Il semblerait qu’en coulisses, des discussions importantes aient eu lieu à l’aéroport national concernant les grèves de cette semaine, et qu’un consensus ait été trouvé pour limiter au maximum l’impact. L’effet négatif d’une cinquième fermeture sur l’image et la perception de fiabilité de l’aéroport semble, cette fois, être pris très au sérieux par toutes les parties concernées, selon nos sources dans le secteur aérien.
Malgré tout, c’est avec les mains moites et les nerfs à vif qu’on attend de voir quel sera l’effet réel. Ah oui, et le 25 juin une manifestation nationale est annoncée. Les syndicats ont apparemment compris que la date initiale du 27 juin laissait un peu trop de marge à leurs membres pour un départ anticipé vers le soleil avec leurs enfants scolarisés.
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