
TUI Group a clôturé le dernier exercice avec les meilleurs résultats de son histoire. Le groupe touristique allemand a présenté ses chiffres mercredi lors d’une conférence de presse à laquelle TravMagazine a assisté. La presse spécialisée belge y a posé une question stratégique au CEO Sebastian Ebel sur le rôle des actifs propres par rapport au modèle de distribution commerciale : « Sans la force de notre distribution, comparée à celle de nos concurrents, nous ne pourrions pas avoir des navires remplis à 100 %. »
Commençons par les chiffres clés : le nombre de vacanciers a augmenté de 5 % sur l’année écoulée pour atteindre 34,7 millions. Le chiffre d’affaires a suivi presque la même courbe de croissance, en hausse de 4,4 %, à 24,2 milliards d’euros. Cela a généré un bénéfice d’exploitation sous-jacent (EBIT) de 1,46 milliard d’euros, soit 12,6 % de plus que l’année précédente, dépassant la prévision interne de 9 à 11 %. Ebel a ainsi décrit 2025 comme « la meilleure année de l’histoire de TUI », portée par de solides performances dans les hôtels, les croisières et les “experiences”.
Dans ce contexte, TravMagazine a demandé si les actifs propres – hôtels, avions et navires de croisière – étaient aujourd’hui devenus plus importants que le modèle de distribution commerciale du groupe. Ebel a répondu de manière nuancée, révélant l’équilibre stratégique de l’entreprise :
« Si l’on regarde la rentabilité, alors oui. Mais si l’on considère ce qui rend cette rentabilité possible, alors non. Sans la force de notre distribution, telle que nous l’avons démontrée par rapport à nos concurrents, nous ne pourrions pas avoir des navires remplis à 100 %. Nous n’aurions pas atteint un taux d’occupation de 88 % au dernier trimestre.
Il est donc important de stimuler la rentabilité de nos actifs. Et surtout, ce qui est très important, c’est que nous avons transformé l’entreprise afin de générer également sur le marché des améliorations significatives de la rentabilité. Nous avons dû traverser une période difficile et faire face à des facteurs externes. Le retard ou la non-livraison des avions Boeing nous a coûté des centaines de millions. Nous avons donc également subi des facteurs externes, notamment une catastrophe naturelle, comme celle qui touche actuellement la Jamaïque, et qui a eu un impact sur nos activités.
Donc, deux choses : il est essentiel d’exploiter pleinement nos actifs. Ensuite, il existe une énorme opportunité de faire passer TUI à un niveau supérieur grâce à la transformation. »
Ce message se reflète dans les chiffres. Les bénéfices proviennent à nouveau principalement de Holiday Experiences. Les hôtels ont généré 759 millions d’euros d’EBIT, une hausse due à l’augmentation des tarifs et des taux d’occupation. Les croisières ont atteint 482 millions d’euros, soutenues par le taux d’occupation élevé mentionné et un plus grand nombre de journées-passagers. TUI Musement a également progressé à 71 millions d’euros d’EBIT, avec 10,6 millions d’excursions, d’activités et de transferts vendus.
Dans la division Markets + Airline, la pression est toutefois restée forte. Le bénéfice est tombé à 217 millions d’euros, contre 304 millions l’année précédente. Selon Ebel, une concurrence intense, les coûts informatiques et de transformation en cours ainsi que des facteurs externes ont joué un rôle. Le retard de livraison des avions Boeing « nous a coûté des centaines de millions », a-t-il déclaré lors de la conférence de presse. Ebel a ajouté que TUI mettrait en œuvre des mesures de réduction des coûts dans cette division afin de gagner en efficacité et d’assurer la réussite de l’entreprise à long terme. À la question de savoir si cela signifiait des pertes d’emplois, Ebel a répondu, sans autre précision : « Il y a une grande différence entre avoir moins d’emplois et supprimer des emplois. »
Dans la « région Ouest » – qui comprend la Belgique, les Pays-Bas et la France – la pression opérationnelle s’est également fait sentir. Si la France est restée stable, la rentabilité en Belgique et aux Pays-Bas a été mise sous pression. TUI souligne toutefois qu’une transformation est en cours en Belgique et aux Pays-Bas, comparable à la restructuration réussie menée en Scandinavie. La croissance des forfaits dynamiques et du modèle de marketplace devrait permettre à cette région de retrouver une trajectoire de croissance stable.
Pour 2026, TUI vise une croissance du chiffre d’affaires de 2 à 4 % et une hausse du bénéfice de 7 à 10 %. C’est moins ambitieux que ce qu’attendaient certains analystes, mais selon la direction, cela s’explique en partie par les règles de consolidation : le chiffre d’affaires provenant des coentreprises dans les croisières et certaines structures hôtelières n’est pas intégré dans le chiffre d’affaires du groupe, tandis que la contribution au bénéfice l’est bien. Parallèlement, TUI relève la barre pour la rentabilité de tous les segments.
Sur le plan stratégique, TUI poursuit la croissance de ses propres hôtels et croisières, le déploiement de nouveaux canaux de vente numériques et un pilotage commercial plus intégré de sa compagnie aérienne unifiée. L’intelligence artificielle doit jouer un rôle clé comme levier pour la distribution, la segmentation de la clientèle et l’efficacité opérationnelle.
Arjan Kers, Managing Director TUI Belgique & Pays-Bas, dans une réaction à TravMagazine BeLux : « Les résultats de Markets + Airline dans la région Ouest reflètent avant tout nos choix stratégiques visant à rendre notre modèle économique pérenne. Nous investissons massivement dans la transformation numérique, le développement de produits et une organisation plus efficace, afin de mieux répondre à l’évolution des besoins des clients et à la concurrence. Ces investissements pèsent à court terme sur les résultats, mais ils sont essentiels pour une croissance durable et une intégration accrue au sein de Markets + Airline et du reste du groupe TUI. Le programme d’économies annoncé de 250 millions d’euros fait partie de cette stratégie : il ne s’agit pas de réduire nos activités, mais de renforcer notre efficacité opérationnelle et de réaliser des synergies. Avec la solide performance de Hotels & Cruises et de TUI Musement, nous construisons ensemble une plateforme intégrée verticalement qui créera davantage de valeur à long terme. »
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