
Nommé en avril 2025, Mohamed Mehdi Haloui est le nouveau Directeur Général de l’Office National du Tourisme Tunisien (ONTT). Architecte de formation et fin connaisseur des rouages du secteur, il nous livre sa vision pour une Tunisie touristique durable, diversifiée et tournée vers l’avenir.
Vous venez d’être nommé à la tête de l’ONTT. Quel a été votre parcours jusqu’ici ?
« Je suis architecte de formation, diplômé en 2000. J’ai intégré l’ONTT en 2003, au sein de la direction du patrimoine et de l’environnement. J’ai ensuite occupé divers postes sur le terrain comme au siège : chef de division au sein du commissariat régional au tourisme à Yasmine-Hammamet, commissaire régional à Monastir puis à Mahdia, directeur de la qualité, puis de l’investissement. J’ai aussi brièvement travaillé pour la municipalité de Hammamet avant de revenir à l’ONTT. Ce parcours m’a permis de toucher à presque toutes les dimensions du secteur : qualité, produit, contrôle, développement régional… sauf le marketing, pour l’instant. »
Que souhaitez-vous conserver de vos prédécesseurs ? Et où voyez-vous une nécessité de changement ?
« Je tiens d’abord à saluer le travail accompli, notamment celui de M. Helmi Hassin. Nous assurons une continuité sur les programmes en cours, mais avec une volonté d’optimisation, de modernisation des procédures et de meilleure visibilité de notre action. Il faut à la fois s’inscrire dans la durée et savoir s’adapter aux mutations du secteur. »
Quel est, selon vous, le plus grand défi du tourisme tunisien aujourd’hui ?
« C’est sans conteste de conjuguer développement touristique et durabilité. Nous avons lancé une stratégie à l’horizon 2035 qui s’appelle « Tourisme durable à l’horizon 2035 », articulée autour de cinq piliers : la connectivité ou l’accessibilité, le marketing, l’investissement, la qualité et l’intégration locale. L’objectif est de développer un tourisme intégré et inclusif qui génère de la valeur pour les territoires et implique les jeunes et les communautés locales. »
Quelle image souhaitez-vous projeter sur le marché européen ?
« Nous voulons faire émerger une Tunisie plurielle : authentique, responsable, moderne et innovante. Fidèle à ses racines méditerranéennes et à son hospitalité légendaire, mais capable aussi de séduire les nouvelles générations de voyageurs, notamment la génération Z, très connectée et en quête d’expériences insolites. Notre ambition est de positionner la Tunisie comme une destination culturelle, durable, accessible et mémorable. »
« La Belgique reste pour nous un marché historique, fidèle et stratégique »
À propos de la génération Z : comment adaptez-vous votre stratégie à cette nouvelle génération et à ses habitudes digitales ?
« Le voyageur d’aujourd’hui – et plus encore celui de demain – est hyperconnecté. La génération Z ne se sert pas seulement de la technologie pour voyager, mais aussi pour découvrir, comparer et partager. Notre priorité est donc d’adapter notre communication, nos outils et notre offre à ces nouveaux usages touristiques. Cela passe par une présence renforcée sur les réseaux sociaux, le recours à des créateurs de contenu, des campagnes visuelles percutantes, et une meilleure accessibilité numérique à l’information et à la réservation. Nous souhaitons également accompagner les acteurs locaux dans leur transformation digitale. Car une Tunisie touristique moderne doit être non seulement attractive, mais aussi visible, accessible à la réservation et propice au partage – surtout pour une génération qui découvre tout d’un simple swipe. »
Le marché belge est-il toujours prioritaire pour l’ONTT ?
« Absolument. C’est un marché historique qui remonte aux années 70. Les Belges apprécient la diversité de notre offre, la richesse des paysages, la qualité de l’accueil. Le balnéaire reste un pilier, mais nous voyons aussi un intérêt croissant pour le culturel, le saharien ou encore le bien-être. »
Y aura-t-il de nouvelles campagnes pour le Benelux ?
« Oui. Cette année, nous avons lancé une campagne de publicité institutionnelle sous le slogan « Vivez l’instant T, vivez la Tunisie », ciblant la Belgique et le Luxembourg. D’autres actions sont prévues, notamment avec des partenaires B2B et des créateurs de contenu. Nous voulons proposer une image renouvelée, loin des clichés. »
Comment diversifiez-vous l’offre touristique tunisienne ?
« Notre stratégie consiste à valoriser nos atouts au-delà du balnéaire. Le pays regorge de richesses : sites culturels inscrits à l’UNESCO, circuits de randonnée, gastronomie régionale, thermalisme… Nous avons par exemple lancé une route culinaire du nord au sud, et promouvons activement des régions comme Gafsa, Tozeur ou Le Kef. En novembre, nous organiserons la 2e édition du Salon International du Tourisme Saharien et Oasien, avec conférences et expéditions dans le Grand Sud, et nous serions ravis que les professionnels, opérateurs et médias belges y participent. »