
Selon le rapport de l’étude sur la distribution hôtelière 2024 de l’organisation européenne des intérêts des hôteliers (HOTREC), les hôtels dépendent de plus en plus des grandes agences de voyage en ligne (OTA) pour remplir leurs chambres, au détriment des réservations directes. Mais une partie des hôteliers en a assez.
L’enquête, à laquelle ont participé plus de 3 000 hôtels de différents pays européens de février à avril, a révélé que 51 % des chambres en 2023 étaient réservées directement auprès des hôtels, tandis que 30 % des réservations étaient effectuées via des OTA. Ainsi, les OTA ont gagné du terrain au cours de la dernière décennie. En 2013, les OTA représentaient un cinquième des réservations.
Dans le marché des OTA, il y a deux acteurs dominants selon le rapport : Booking.com et Expedia Group. Ils représentent respectivement 71 % et 14 % des réservations OTA. Mais tous les hôteliers ne sont pas satisfaits, comme le révèle l’enquête. Plus de deux hôtels sur cinq (43 %) ont signalé que leurs prix étaient sapés par les OTA, 16 % même “fréquemment”.
Les hôteliers pointent du doigt les OTA en raison de “commissions élevées” et de “pratiques monopolistiques”, notamment “le sapement des prix des hôtels avec des budgets marketing conséquents” et “l’offre de réductions et promotions non autorisées”. Malgré ces problèmes, près de la moitié des hôtels dépendent des OTA pour vendre une part significative de leurs nuitées, les petits hôtels étant les plus dépendants.
Marie Audren, Directrice Générale de HOTREC, affirme que Booking.com retient les informations des clients et empêche les hôtels d’offrir de meilleurs prix sur leur propre site web. “Les hôtels sont confrontés chaque jour à des pratiques commerciales déloyales de Booking.com, ce qui entraîne des pertes financières, une pression opérationnelle et une atteinte à la réputation. Cela doit cesser”, déclare Audren.
Rôle de gardien
C’est pourquoi HOTREC se félicite de la décision de la Commission européenne en mai de désigner Booking comme un “gardien”. Dans le cadre de la loi sur les marchés numériques (DMA), l’UE impose à Booking des règles plus strictes. Par exemple, les gardiens ne peuvent pas favoriser leurs propres services sur leurs propres plateformes. De cette manière, les concurrents doivent également avoir de l’espace sur leur plateforme. Booking dispose de six mois pour se conformer à ces règles plus strictes.
L’objectif est d’offrir aux utilisateurs finaux plus de choix et de liberté et de donner aux utilisateurs commerciaux un accès équitable aux services des gardiens. “Les vacanciers pourront profiter de plus de choix et les hôtels auront plus d’opportunités commerciales”, a déclaré la commissaire européenne Vestager à l’époque.
Sous la pression de ce rôle de gardien et d’une méga amende espagnole, Booking.com a supprimé la garantie de prix le plus bas controversée. Ainsi, les hôtels proposant leurs chambres via Booking.com peuvent, à partir du 1er juillet, les offrir ailleurs ou sur leur propre site web à un prix inférieur. Cette mesure s’applique dans tous les États membres de l’UE.