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Un débat de haut niveau ! Hier soir, en clôture sur la Blue Stage de l’ITB. Ce ne pourrait être autrement avec un panel aussi soigneusement sélectionné. La scène accueillait Daniel Skjeldam de Hurtigruten Expeditions, Marie-Caroline Lauren de la CLIA, Malte A. Siegert du Naturschutzbund Deutschland (NABU), et Michele Francioni de MSC Cruises SA, avec Georg Ehrmann en tant que modérateur.
Dès le début, il était clair que, malgré l’unanimité sur la nécessité de durabilité, les visions de comment l’atteindre divergeaient grandement. Skjeldam (Hurtigruten) a ouvert le débat avec un plaidoyer passionné pour la durabilité et a critiqué l’industrie – dont il fait lui-même partie – pour l’utilisation de fuel lourd et les conséquences du surtourisme.
La fierté de Francioni pour le “premier voyage à zéro émission nette en 2023” de MSC a été rapidement remise en question par Skjeldam, ce qui l’a poussé à rectifier en “nous étions la première grande compagnie de croisière à réaliser un voyage à zéro émission nette en 2023″. Le ton était donné.
Le débat a également abordé la question de l’impact économique du tourisme de croisière sur les communautés locales. Daniel Skjeldam a exprimé ses préoccupations quant à la croissance de l’industrie des croisières et a souligné l’importance de la création de valeur dans les communautés locales qu’elles visitent. Il s’est opposé à la pratique des grands navires qui pourraient laisser moins de valeur économique dans les lieux visités.
Marie-Caroline Lauren de la CLIA a contesté cette vision en affirmant que les grands navires, même si chaque passager dépense en moyenne moins, peuvent apporter une contribution économique globalement plus importante en raison de leur grand nombre de passagers. Cela a mené à une discussion sur la création de valeur réelle des grands versus petits navires et l’impact du nombre de passagers sur les économies locales.
Siegert du NABU, avec son approche critique mais constructive, a souligné la nécessité d’innovation et la recherche de carburants alternatifs, tout en mettant en avant la responsabilité sociale de l’industrie.
Les désaccords et interruptions survenus ont montré que, bien que les intentions peuvent être alignées, il existe de profonds désaccords sur la méthode à adopter. Cependant, ces moments de conflit n’étaient pas destructeurs ; ils ont offert une vue transparente et honnête des défis auxquels le secteur est confronté.
À la fin, Daniel Skjeldam de Hurtigruten Expeditions a fait une proposition directe à Michele Francioni de MSC Cruises. Il a plaidé pour un changement significatif dans la manière dont les grandes compagnies de croisière abordent leur relation avec les communautés visitées. Il a suggéré que MSC Cruises, dans le cadre de leurs initiatives de durabilité, s’efforce d’acheter localement au moins 20% de leurs achats et d’engager activement le dialogue avec les communautés locales pour maximiser leur impact.
Bien sûr, il ne revient pas à Skjeldam de déterminer la direction de MSC Cruises. Francioni a clarifié les choses en soulignant les investissements gigantesques dans la construction de leurs nouveaux navires durables et toutes les actions que MSC Cruises a déjà menées avec succès dans ce domaine.
L’industrie des croisières se trouve clairement à un carrefour, où l’équilibre entre les intérêts économiques et la responsabilité environnementale représente à la fois une opportunité et un défi. Les participants, chacun avec leur expertise et expérience, ont incarné la complexité de cette transition, mais aussi la volonté de collaborer à la recherche de solutions.
Ce débat a été une belle réussite, non seulement pour sa transparence et son ouverture, mais aussi pour la reconnaissance que, bien que la route à suivre ne sera pas facile, c’est un voyage nécessaire que l’ensemble du secteur doit entreprendre.